Le fils prodigue by Sedley Kate

Auteur:Sedley,Kate [Sedley,Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782264047908
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 2006-01-04T00:00:00+00:00

CHAPITRE XI

J’avais oublié que le lendemain était un dimanche, aussi je reportai naturellement au lundi mon retour à la maison. En général, à l’époque tout comme aujourd’hui, on ne voyageait pas le jour du sabbat sauf pour une question de vie ou de mort.

La nuit précédente, j’avais à nouveau partagé le lit d’Anthony et je m’étais chargé de le chapitrer sur sa conduite. Ce n’était pas mon rôle mais, dans l’intimité du baldaquin, il me semblait que j’avais plus de chance d’être écouté que George Applegarth. Je me trompais. Anthony se contenta de bâiller et me dit que ce n’était pas mon affaire. Il avait raison et insister n’aurait rien amené de bon, tout au contraire. Aussi, je changeai de sujet et l’informai que je retournerais à Bristol le lundi matin.

— Que diable, dit-il en riant, je t’ai vexé à ce point ? C’est juste que je ne permets à personne de me dicter ma conduite.

— Et vous en avez parfaitement le droit, approuvai-je. Non, non ! Mais j’ai déjà fait mon possible et…

Je compris aussitôt que je m’étais trahi.

Anthony s’assit sur son séant, les bras autour des genoux, et me regarda avec curiosité.

— Ton possible à quel propos ? Allons, parle ! Je sais que ta présence ici n’est pas fortuite.

J’avais appris la vérité à George Applegarth ; pour quoi ne pas être aussi franc avec Anthony ? Je pouvais tenter de m’assurer son concours contre dame Audrea… Anthony s’amuserait sans doute à l’idée de lui mettre des bâtons dans les roues. Je lui exposai donc mon intérêt personnel dans cette affaire.

— Et j’ai la ferme intention de démontrer l’innocence de John Wedmore, conclus-je avec plus d’assurance que je n’en éprouvais.

— Beaucoup de discours et peu d’action ! ironisa mon compagnon.

À présent, je puis dire en toute honnêteté que je ne me vantais pas souvent – je prenais même quelquefois grand soin de taire mes succès passés. Néanmoins, je perçus dans sa voix une telle condescendance que je ne pus me retenir d’évoquer les divers mystères que j’avais résolus, ce qui m’amena à mentionner le duc de Gloucester.

— Ainsi, vous voyez, terminai-je, je possède une certaine expérience pour dévoiler la vérité.

D’ores et déjà, je me sentais honteux comme on l’est souvent après avoir cherché à impressionner. J’avais pourtant réussi. Anthony me considérait avec une rancœur mêlée de crainte. En lui, l’incrédulité le disputait à la conviction queje n’exagérais pas.

— Eh bien ! Demain, il va me falloir annoncer que nous accueillons un ami de la famille royale ! Nul doute que maîtresse Micheldever sera désormais suspendue à tes lèvres, remarqua-t-il avec un rire sardonique. Je serai tout à fait éclipsé dans son cœur.

— Inutile de répéter à quiconque ce que je vous ai dit, surtout à Rose Micheldever. Je n’ai aucune vue sur elle, je vous assure. L’intendant ne connaît qu’une partie de l’histoire : il sait que John Wedmore est mon demi-frère et que je m’efforce de le disculper. Lui aussi est convaincu que John n’est pas l’ancien page.

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